Comte de Bouderbala : pourquoi un tel succès ?

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A l’heure des polémiques, certains humoristes pourraient avoir peur des ligues de défense en tous genres et enlever un certain nombre de répliques, certains mais pas le comte de Bouderbala. Il est sur scène pour amuser, choquer un peu, offrir une pause dans le quotidien et faire savoir qu’on peut rire de tout, oui de tout.

Qui est le comte de Bouderbala ?

Sami Ameziane est né en 1979, il possède la double nationalité française et algérienne. Grand timide, il écrit depuis l’âge de 12 ans des poèmes et des sketchs mais les garde pour lui. Pour information, il maîtrise 7 langues, pas courant pour un jeune issu de la ville de Saint-Denis, comme quoi le déterminisme n’est pas tout puissant dans ce bas monde.

Après une carrière de basketteur, il décide de se lancer dans une carrière d’humoriste et trouve son nom, le comte de Bouderbala, en 2004 sur une scène de slam. Pour lui, c’est un peu le « comte du ghetto », le comte désargenté qui a pour seule richesse son pouvoir de divertir et d’amuser. Son concept, c’est de regarder le monde avec du recul et d’en dire ce qu’il en pense.

Il commence à faire de la scène grâce à son ami Fabien alias Grand Corps Malade avant de partir aux Etats-Unis pour se faire connaître et fouler du pied des salles prestigieuses notamment au Comedy Sellar à New-York.

C’est aujourd’hui un véritable as du stand up et il connaît un succès public colossal. Son spectacle a tenu l’affiche à l’Alhambra pendant plus de 3 ans et se prolonge dans une nouvelle salle à République.

Le comte de Bouderbala : l’art One Man Show

Le comte de Bouderbala a capté l’essence du stand-up pour faire son spectacle savoureux qui s’adresse à tous les publics (sauf aux enfants évidemment).

Quels sont les ingrédients de son spectacle seul en scène ?

  • Interaction avec le public
  • Universalité
  • Démythification des sujets tabous

Il parle des quartiers qu’il connaît bien sans pour autant avoir vécu en cité mais au milieu des cités et en face de la morgue d’un hôpital. Il se moque aussi du rap et des rappeurs, du rapport aux femmes, de sujets de société qui font polémiques comme les roms en France.

La ville où il vit en prend aussi pour son grade quand elle organise des concerts de rap pour calmer les jeunes. Il tente de faire réfléchir les gens et mettre en lumière les solutions factices mises en place par les pouvoirs publics pour régler les problèmes de société.

Il ne parle pas forcément des thèmes qui fâchent mais plutôt des effets que les thèmes produisent sur les gens. Par exemple, quand il s’amuse sur l’erreur de DSK au Sofitel, il n’analyse pas l’acte en lui-même mais se rie de la bêtise du comportement et du choix de la victime. Sinon, il fait appel à ce que tout le monde connaît : le célibat dans les grandes villes.

Enfin, la participation active du public est un des ingrédients du succès. Il apostrophe, il pose des questions et s’adapte aux réactions de l’auditoire. Faire le pitre, et l’assumer, avec autant de finesse d’analyse et d’esprit, c’est une des recettes du succès de son spectacle comique.

Le comte de Bouderbala : un spectacle raciste ?

Le comte de Bouderbala se sert de ses propres origines algériennes pour rire de tout, et c’est là qu’il acquiert une certaine légitimité qui lui permet ensuite de critiquer bien d’autres choses. En effet, qui est mieux placé que lui pour pouvoir parler des sites communautaires arabes ou du mariage forcé ? Bien entendu, il prend de la hauteur, puisque c’est l’une de ses devises, et il s’élève notamment pour dire combien les choses ont changé ou ce qui ne change pas.

Dans le spectacle, tout le monde en prend pour son grade (les arabes, les roms, les chinois, mais aussi les français) et c’est bien ça la richesse de ce one man show. Il ne s’agit pas stigmatiser une communauté mais de jouer avec les réalités et les symboles. Il n’y a pas de mal à s’amuser et ça marche, à en croire les éclats de rire dans la salle pendant plus d’1h30.

Le comte de Bouderbala n’a pas fini de conquérir le public français. Prolongé à plusieurs reprises à Paris avec plus de 700 000 spectateurs conquis, le raz de marée du rire n’est pas près de s’arrêter. Vous auriez tord de louper ses imitations plus vraies que natures des mendiants roms ou son analyse des fautes de français des rappeurs de l’hexagone.

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