David LaChapelle : l’art du détournement choc

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Peu de gens connaissent son nom et pourtant son univers fait partie de l’imagerie collective. David LaChapelle, l’enfant prodige de la photographie choc et décalée, est un artiste étincelant qui prône la couleur et la mise en scène.

Qui est l’artiste David LaChapelle ?

L’artiste photographe est aujourd’hui un incontournable de l’art sous plusieurs formes (photo et vidéo). Sa vision du monde et la représentation de son imagination en font un artiste unique en son genre.

Les débuts d’un photographe exigeant

David LaChapelle veut mener une vie d’artiste et quitte ses parents à 18 pour vivre de petits boulots à New-York. Finalement, il décide de suivre un parcours à l’école des arts de Californie et se tourne vers la photographie, sans savoir à ce moment-là qu’il deviendrait un des artistes les plus influents de sa génération selon le magazine American Photo.

Pour lui, la photographie est un art noble au même titre que la peinture et il ne veut d’abord qu’exposer dans les galeries d’art. C’est en 1983 qu’il expose pour la première fois dans la galerie 303 à New-York.

Tournant de carrière pour David Lachapelle : vers la pop-photo

Contre toute attente, le magazine Interview d’Andy Warhol publie quelques unes de ses photos et marque un tournant dans sa carrière, notamment en le faisant fréquenter le monde du Pop Art. Il voit dans les magazines un moyen de donner à accès à l’art au plus grand nombre, c’est la naissance de la pop-photo (popular photo), la photo pour tous en écho avec le quotidien.

Il a photographié de très nombreuses vedettes et sa muse, la transsexuelle Amanda Lepore, est aujourd’hui symbole de son œuvre.

Autant photographe que réalisateur, il touche à différents types de vidéos et de photos pour la musique, les séries télévisées ou encore les publicités.

Son nom est par exemple associé :

  • Au clip d’Amy Winehouse pour « Tears Dry on Their Own »
  • Aux affiches de la série télé événement Borgia en 2011
  • A la campagne d’affichage de la marque de chaussettes « Happy Socks » où des danseurs nus font le grand écart, chaussettes bariolées aux pieds.
  • La campagne Shweppes avec Uma Thurman et ses bijoux

Il réalise un documentaire, Rize, sur les danses krumping et clowning et est doublement primé au festival Sundance en 2005 ainsi qu’à l’Aspen Film Festival.

En 2009, l’Hôtel de la monnaie à Paris a organisé une exposition gigantesque où le public pouvait découvrir plus de 200 œuvres organisées en thématiques (deluge, excess, plastic people, destruction and desaster, etc.)

David LaChapelle : un photographe de génie sans limites

L’artiste cherche à réemployer l’art du passé tout en se réappropriant la tradition des anciens pour faire de l’art à destination des masses.

Un travail plastique et photographique authentique

Son domaine de prédilection est le portrait, il a photographié les plus grandes stars américaines de Marylin Manson à Britney Spears en passant par Naomi Campbell. Son truc, c’est le travail grandeur nature.

David Lachapelle est l’un des rares artistes à choisir de construire l’irréel dans le réel plutôt de se tourner vers les technologies numériques. En effet, il est contre l’utilisation de l’image de synthèse ou du trucage photo. Ce qu’il aime, c’est réaliser en vrai ses idées surréalistes et faire fabriquer tout ce qui est nécessaire au shooting qu’il veut faire.

Son univers esthétique est caractérisé par des couleurs très franches. Pour cela, il utilise des négatifs couleurs lors du tirage de ses photographies d’art. Ce choix vient de son histoire personnelle, confronté à la mort de certains de ses amis atteints du SIDA, il préfère promouvoir la force de vie via les couleurs.

L’une de ses techniques est de représenter à travers le prisme de sa subjectivité des tableaux de grands maîtres comme le Vénus et Mars de Botticelli qu’il transforme en « Le viol de l’Afrique ». Pour parler tendance, il fait du glamour chic et choc mais ce dernier n’est qu’en réalité un vernis qu’il faut dépasser pour percevoir son message allégorique. Naomi Campbell y joue une déesse africaine magnifiée qui fait face à un Dieu de la guerre assoupi incarné par un mannequin blanc, symbole du colon et de celui qui exploite.

Signification de l’œuvre de David LaChapelle : transgression et engagement

L’essence de sa réflexion artistique est de mêler l’histoire aux grandes obsessions de la société contemporaine. Il travaille particulièrement les thèmes suivants :

  • La pornographie
  • La consommation
  • La religion
  • Le star system

Le photographe envisage l’acte de création artistique comme une façon de peindre ce qu’il voit sans tout à fait dénoncer vraiment. Libre à chacun d’interpréter son travail et d’en tirer une réflexion personnelle.

Néanmoins, dans l’une de ses séries nommée « Déluge », il s’attache à alerter sur la surconsommation de richesse qui selon lui mènera l’Homme à sa perte. Son œuvre repose belle et bien sur le questionnement de la perte des valeurs qui sont une des explications pour des comportements compulsifs, symptôme d’un problème de foi (foi en un dieu, foi en l’avenir, foi en l’homme, etc.).

David LaChapelle est l’incarnation d’une tentative : celle qui consiste à réconcilier les anciens et les modernes, le passé et le présent. Son territoire d’expression n’a pas de limites, pas plus que son imagination.

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