Depuis 2014 l’or noir voit sa valeur régulièrement baisser. Il est ainsi passé de 100$ le baril de Brent à moins de 30 aujourd’hui.
Pourquoi cette baisse du prix du baril ?
Les raisons de la baisse du prix du baril de Brent sont multiples.
Historiquement les pays producteurs fixaient les prix selon la loi de l’offre et de la demande mais tout en orientant les tarifs à leur faveur. La multiplication des forages offshores et la production de pétrole de schiste par les États-Unis ont modifié les positions stratégiques sur ce point.
En maintenant un prix du baril bas, les membres de l’OPEP concurrencent directement les producteurs étrangers. Les coûts de production sont en effet relativement élevés pour les forages de Sibérie, de mer du Nord et des USA. En passant sous la barre des 50$ le baril, certains forages ne sont plus rentables.
D’autres facteurs tirent aussi les prix vers le bas. La levée des sanctions contre l’Iran, lui permettant de commercialiser à nouveau son pétrole contribue aussi largement à la baisse des cours du brut. Le ralentissement de l’économie mondiale et plus particulièrement de la demande chinoise influent aussi sur le prix du baril. Sur une échelle de temps plus courte, l’hiver doux en Europe contribue aussi cette année à une baisse des achats de fuel domestique.
Pour résumer, la production s’intensifie et les besoins diminuent. Une raison moins avouable de cette baisse drastique des prix pourrait aussi être directement liée au développement des énergies renouvelables. En baissant les prix du pétrole, les pays producteurs s’assurent de ralentir et compliquer la transition énergétique.
Comme le décrit Jasper Lawler dans un article très complet sur le pétrole, les acteurs financiers pèsent aussi dans l’équation avec notamment l’intervention de fonds spéculatifs.
Jusqu’où ira la chute ?
Goldman Sachs prédisait en mai 2015 un baril à moins de 20$ sur le long terme, c’est à dire sur une quinzaine d’années. Au regard de l’historique des cours du Brent on constate que de tels décrochages ont régulièrement eu lieu au cours des dernières décennies. Une fois les prix les plus bas atteints ils ont toujours été suivis d’un mouvement inverse avec une remontée des cours allant de 30 à 100% au cours des deux années suivantes.
Aujourd’hui de nombreux économistes s’accordent sur le fait que le prix du baril devrait se stabiliser autour des 35$ dans le courant de l’année 2016. Même si ce type d’analyse fait consensus, en matière économique on n’est jamais à l’abri d’être surpris par une évolution totalement imprévue des cours. Une révolution technologique ou de nouveaux conflits peuvent par exemple influer fortement sur les marchés de manière totalement imprévisible.
La baisse des prix du pétrole est-elle profitable ?
Si la baisse des cours du brut profite à certains elle s’avère particulièrement délétère pour d’autres. Le Venezuela par exemple, qui tire 90% de ses revenus de la production pétrolière vient de connaître une année 2015 catastrophique d’un point de vue économique. C’est aussi le cas pour la Russie qui fait également les frais de cette concurrence à la baisse.
Ainsi aux Etats-Unis un peu plus de la moitié des puits ont cessé d’être exploités entre novembre 2014 et novembre 2015. Enfin les monnaies fortement corrélées au cours du brut subissent une pression constante. C’est par exemple le cas du dollar canadien ou encore de la couronne norvégienne.
En France, comme dans d’autres pays importateurs, cette baisse des tarifs du baril profite par contre aux consommateurs. Les économies réalisées à la pompe et pour le chauffage domestique se répercutent sur la consommation d’autres biens. Cette hausse du pouvoir d’achat se traduit aussi par quelques points de croissance pour l’ensemble des pays européens.
Enfin parmi les effets indirects bénéfiques pour la planète on note l’abandon de divers projets d’exploitation dans des zones vierges du globe.