Le label Max Havelaar, fer de lance d’une éthique

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Max Havelaar est un label de commerce équitable. L’un des plus connus. Il se nomme ainsi en France (où il est reconnu comme une association loi 1901 à but non lucratif), en Suisse, aux Pays-Bas et en Norvège. Dans tous les autres pays du monde en revanche, on l’appelle simplement Fairtrade. Aux origines du nom : un roman du poète et écrivain néerlandais Multatuli, qui dénonce les conditions de vie du monde paysan dans les colonies des Indes néerlandaises.

Petite histoire de Max Havelaar

Fondée aux Pays-Bas en 1988, l’association a ensuite vu le jour en France en 1992. Elle est aujourd’hui présente dans 35 pays consommateurs. Par année, c’est au moins un foyer français sur trois qui achète et consomme au minimum un produit étiqueté du label. Chacun de ces produits est une confirmation pour le consommateur que les principes du commerce équitable ont été respectés de la production ou de la fabrication, jusqu’à la commercialisation.

Un objectif éthique

L’objectif final de Max Havelaar est de permettre aux employés, artisans et agriculteurs de l’hémisphère sud de vivre grâce au commerce en toute autonomie. Ainsi, l’association concentre l’essentiel de ses efforts sur quatre points fondamentaux :

  • Veiller à l’application en bonne et due forme des standards internationaux de commerce équitable
  • Apporter un soutien logistique et financier aux coopératives de producteurs
  • Pousser les industriels à équilibrer leurs prix de manière à ce que le producteur ne soit pas littéralement exploité et bénéficie d’un préfinancement pour ses récoltes
  • Éviter au maximum la présence d’intermédiaires entre la production, l’acheminement et la commercialisation des produits, afin de garantir la plus grande transparence possible des filières engagées

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Un enjeu à l’échelle mondiale

En tant que consommateurs, vous pouvez donc vous dire, à chaque fois que vous achetez un produit étiqueté par le label Fairtrade-Max Havelaar, que votre acte d’achat s’inscrit dans la droite ligne du commerce équitable et qu’il contribuera au développement des petits producteurs des pays du sud. Ces derniers peinent à survivre, car les grandes industries occupent tout leur espace et emploient la production à un rythme démentiel.

Les types de produits sont parfois même modifiés afin d’accélérer la production. En Asie, par exemple, là où des centaines de types de riz étaient autrefois recensés, on n’en trouve plus qu’une poignée, dont certains sont même appelés supertypes, qui augmentent le rendement et par-là même le bénéfice. Aider les petits producteurs, c’est donc aussi garantir la survie d’une nourriture plus saine, moins trafiquée.

Un système sous le feu des critiques

Bien entendu, Max Havelaar n’est pas seul sur le marché. Ils sont plusieurs à faire entendre leur voix. Or ces voix ne sont pas toujours élogieuses à l’égard du célèbre label. C’est par exemple le cas de l’association française Minga, qui s’engage dans une réflexion profonde sur le commerce équitable et les moyens de l’intégrer complètement dans notre économie mondiale.

Le fairwashing

Parmi les critiques formulées à l’égard du label, on retrouve notamment son initiative de travailler main dans la main avec les grandes industries. S’il est facile de comprendre les raisons qui ont poussé l’association à prendre une telle décision, le résultat est en tout cas, aux yeux de nombreux experts, beaucoup moins convaincant.

Outre le fait que, toujours selon Minga, Max Havelaar fasse les beaux jours d’entreprises comme Accor, McDonald’s, ou Nestlé, dont les pratiques sont contraires aux règles du commerce équitable, une perte de crédibilité s’est également faite ressentir dans les critères que s’est imposé le label. C’est là qu’intervient la notion de fairwashing. Cliquez ici pour en savoir plus.

Si auparavant, les conditions pour qu’un produit mérite le label du commerce équitable étaient extrêmement strictes (il fallait que 100% du produit soit réalisé selon les principes décidés en amont), elles sont aujourd’hui beaucoup plus légères. En effet, une initiative du groupe a permis de rendre accessible le précieux label à des produits ne contenant qu’une infime partie de matières provenant du commerce équitable. Par exemple, un gâteau pourra être doté du label si 5% du sucre qu’il contient provient du commerce équitable.

En somme, ce genre de pratique joue en la faveur des industriels, qui peuvent donc non seulement continuer leurs pratiques tout en redorant leur image aux yeux du public en montrant leur implication dans l’engagement pour la survie des petites exploitations. Résultat des courses : de nombreux autres labels, autrefois portés par l’intérêt suscité mondialement par l’association, pensent que la tendance s’est renversée et perçoivent ainsi la chose : autrefois, Max Havelaar leur donnait de la crédibilité, et aujourd’hui ce sont eux qui lui en donnent.

Des visions qui s’opposent pour mieux s’allier ?

Quoi que l’on puisse reprocher à Max Havelaar, il n’en reste pas moins que le label démontre aujourd’hui la faisabilité de l’intégration du commerce équitable dans l’économie. Il demeure aussi, à ce jour, le label le plus exigeant et le plus performant qui existe. Les critiques formulées par des labels plus petits (mais toujours plus nombreux, tels EcoCert, Alter Eco, ou encore Fair for Life) sont peut-être le signe que la prise de conscience évolue, que l’éthique propre au mouvement connaîtra, dans l’avenir, un nouvel essor, à travers FairTrade, mais aussi à travers tous les autres.

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